Replay de la Conférence
"Comment l'agriculture et l'alimentation peuvent-elles relever le défi de la neutralité carbone ?"
Moderation de la table ronde assurée par Philippe Legueltel, journaliste et co-fondateur d’Aprim.
La Conférence a été suivie de présentation de Startup et d'Ateliers de travail
ATELIER 1 :
- How to reduce the environmental footprint of our plate?
Cet atelier s’est déroulé en anglais.
Modération par Valérie Hoffenber, Fondatrice du Think Tank Food&Planet et Présidente du Connecting Leaders Club
ATELIER 2 :
- Comment relocaliser notre alimentation au niveau des territoires? Circuits courts, agriculture de proximité…
Modération par Ombeline de Pémille, Directrice des Pôles Durable et Investissement, Nutrikéo
ATELIER 3 :
- Comment réduire l’empreinte carbone de nos emballages? Eco conception, vrac, recyclage...
Modération par Erwan Harscoet,Directeur Deloitte Sustainability France
Le Think Tank a pour vocation de présenter à l’occasion de chaque session de travail les start-up les plus innovantes et les dernières technologies qui permettront à nos membres de monter en compétence et d’anticiper les nouvelles tendances.
Article Edition du 9 Mai 2021
Retranscription de l'article
Agriculture, alimentation et Neutralité Carbone :
Comment l’agriculture et l’alimentation peuvent-elles relever le défi de la neutralité carbone?
25 % de l’empreinte carbone des français se trouve dans leur assiette. C’est la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre, derrière les transports qui représentaient 31% des émissions en 2020. Face à ce constat, l’agriculture et l’alimentation doivent relever le défi de la neutralité carbone. Alors que les grands textes de la Loi Climat sont discutés en Europe,
Le Think Tank Food&Planet a réuni les grands acteurs de la chaîne alimentaire pour élaborer une réponse commune.
Avec un marché de plus de 450 millions d’habitants qui représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’Union Européenne est un acteur clé. Selon, Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne: “L’Europe est en position de force pour imposer ses règles aux multi-nationales et à ses partenaires. Notre objectif est de limiter le dérèglement climatique causé par les émissions mondiales de CO2.”
Si la France représente moins d’1% des émissions mondiales, les acteurs publics et privés doivent collaborer pour trouver des solutions. “Nous faisons les uns et les autres face au défi du changement climatique, les territoires sont pleinement mobilisés pour proposer des solutions.” rappelle Stéphane Travert, ancien ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. “Le Ministère de la Transition Écologique a lancé le Label Bas Carbone, premier cadre de certification climatique volontaire en France, pour garantir que les projets de réduction, d’émission de gaz à effet de serre et de séquestration du carbone répondent aux objectifs de réductions nationaux, européens et internationaux.” Le grand défi qui est devant nous est d’inciter à changer les comportements et aider la transition en motivant les investissements pour une économie française bas carbone.
.Une prise de conscience collective et des actions concrètes
“Il y a urgence à agir, nous ressentons déjà aujourd’hui les effets du changement climatique sur la production agricole, avec des problématiques telles que la baisse de rendement.” Pour Aude Le Rhun, Senior Manager chez Deloitte, qui accompagne la transition agro-écologique des acteurs de la filière: “Il faut réfléchir, dès à présent, à adapter nos productions pour intégrer cette dimension.”
Stéphane Layani, Président du Marché International de Rungis, plus gros marché du monde, indique que : “ 99% des déchets du Marché sont recyclés, dont une grande partie est traitée par notre usine d’incinération qui alimente le chauffage et la mise sous froid de nos pavillons. Nous avons donc un cycle carbone vertueux, que nous allons renforcer au moyen de notre stratégie RSE à horizon 2024.” L’un des trois piliers de ce plan vise justement la neutralité carbone et la préservation des ressources. À l’avenir, Rungis souhaite augmenter sa résilience en termes de logistique propre et de logistique mutualisée, conjointement avec tous les acteurs et en lien avec le gouvernement. “Si nous voulons manger des produits maraîchers, nous avons besoin du train des primeurs”, mesure qui permettra d’économiser l’empreinte carbone de 25 000 camions sur les routes chaque année, dans le transport des marchandises sur le territoire national.
L’élevage laitier représente 6 % des émissions carbones françaises selon le Cniel (Centre interprofessionnel de l’économie laitière), c’est pourquoi le Groupe Savencia, en tant qu’acteur majeur de la production de fromage, beurre et crème, a développé une démarche de production laitière durable, intégrant depuis 2011 des indicateurs mesurant l’empreinte carbone, la fertilité des sols et la biodiversité afin d’accompagner les éleveurs dans l’amélioration de leurs pratiques, “En 10 ans, 250 000 tonnes d’équivalent carbone ont été économisées sur la collecte laitière. Cette année, notre méthode d’estimation de l’empreinte carbone vient d’être reconnue par le Ministère de la Transition écologique et éligible au Label Bas Carbone.”
La solution passera également par l’innovation à tous les niveaux. “SUEZ accompagne les agriculteurs dans cette transformation, notamment à travers notre entité ‘Smart and environmental solutions’ afin d’accélérer le déploiement de solutions innovantes, telles que les objets connectés pour augmenter la résilience des territoires et favoriser l’économie circulaire.” rappelle Pierre Achard, Directeur Smart Agriculture France, SUEZ.
Le coût financier est-il un frein à l’action ?
Pour Fabienne Boroni “Tous les acteurs de la filière sont dans le même bateau face au défi climatique pour apporter au consommateur une alimentation de qualité plus durable”. C’est un coût que nous devons assumer.
Aude le Rhun de Deloitte rappelle que le Label Bas Carbone permet d’encourager l’investissement, aidé par le Plan de relance : “ Il faut accompagner les agriculteurs pour faciliter les démarches administratives et permettre au plus grand nombre de bénéficier de ces différents financements.”
Pierre Achard, de SUEZ, reconnaît que le financement peut être un frein, mais selon lui : “On peut transformer le problème en solution grâce à la transition numérique.” Les objets connectés peuvent permettre d’optimiser la production et le rendement des cultures tout en permettant aux agriculteurs d’être rétribués au prix juste et de recevoir un complément de revenu avec les paiements pour services environnementaux.
Un choix de société ?
“Ce défi concerne tout le monde : il concerne l’amont, l’aval, la distribution… quelles que soient les structures d’entreprise, il va falloir faire un effort de conviction pour changer l’équation du comportement.” déclare Stéphane Layani. Il rappelle, ainsi, chacun a un rôle à jouer dans la construction d’un avenir durable ou non.
Nous sommes face à un choix de société. Si nous voulons collectivement relever le défi climatique, nous devons modifier notre alimentation. Valérie Hoffenberg, fondatrice du Think Tank Food&Planet
Tous les acteurs doivent être mobilisés afin d’encourager le changement de nos comportements alimentaires vers une consommation plus responsable.