Replay de la conférence
La préservation de l'eau,
un pacte intergénérationnel.
Article édition du 19 Décembre 2021
Retranscription de l’article
La préservation de l’eau, un pacte intergénérationnel.
“Sans eau il n’y a pas d’agriculture.
Le changement climatique aura un impact majeur sur nos agricultures.
Nous devons anticiper ses effets et s’appuyer sur l’ensemble des leviers pour préserver, à court et moyen terme, notre souveraineté agroalimentaire.” Rappelle en préambule de la 3ème session du Think Tank Food & Planet, le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie. “Face à des enjeux complexes, il faut agir sur l’ensemble des leviers et remettre la raison et la science au cœur du débat pour se retrouver autour de consensus. C’est le sens du Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, organisé à la demande du Président de la République. »
Selon Stéphane Travert, ancien Ministre de l’agriculture et de l’alimentation « La gestion de l’eau est devenue une source de tension dans les territoires. Entre les agriculteurs et les associations, le débat parfois touche à l’irrationnel. L’objectif de tous doit être de renforcer la résilience de l’agriculture mais aussi de réfléchir aux moyens nécessaires sur la sécurisation de la ressource sur les plans quantitatif et sanitaire. Il faut se doter d’outils d’anticipation et de protection de la ressource en eau pour être totalement opérationnel.”
Le rôle des entreprises
Selon Elodie Ciulli, Senior Manager, Deloitte Sustainability France “Plus de 90% des dirigeants ont conscience des enjeux de l’eau. Mais selon le Global Water Report, à contrario, on a seulement 1/3 des entreprises aujourd’hui qui ont mis en place des actions concrètes. On se rend compte qu’il s’agit surtout d’entreprises à l’international qui ont été touchées concrètement par le sujet, soit par un risque physique (ex. une pénurie), un risque réglementaire (ex. non-respect des normes de rejet) ou réputationnel (ex. les accusations de surexploitation des nappes d’eau). D’autre part, la prise de conscience des entreprises agroalimentaires à un effet rebond sur l’amont agricole parce qu’elles se tournent vers leurs fournisseurs pour les interroger sur leurs pratiques. Très progressivement les entreprises sortent de leur périmètre opérationnel pour s’interroger sur la chaîne de valeur de l’amont en aval et rentrent dans des dispositifs de concertation et d’accompagnement.”
Christophe Klotz, Directeur RSE chez Nestlé France
En tant qu’industriel comment-vous vous saisissez de ce sujet?
“Ce qui touche le monde paysan nous touche également car nous nous sourcons essentiellement en France. Et nos usines subissent aussi les sécheresses et les inondations. Avoir la vision d’un « 0 impact environnemental » implique de comprendre que tous les enjeux environnementaux et sociétaux sont interconnectés. Nous sommes donc naturellement engagés depuis longtemps sur la question de l’eau.”
Maximilien Pellegrini, Directeur Général Adjoint du groupe SUEZ en charge des activités en France “Nous nous réjouissons que l’eau soit mise au cœur de l’agenda politique. Le Varenne de l’eau est une occasion de dialoguer pour proposer des solutions concrètes. En France, dans l’imaginaire collectif, nous avons souvent le sentiment que le sujet de l’eau est banalisé, maîtrisé et que les problèmes sont derrière nous.
Rien n’est moins vrai. Les effets du changement climatique sont indéniables, il suffit de regarder la carte de météo France en 2050. Nous devons agir ensemble en intégrant toutes les parties prenantes, le monde agricole, les industriels, les collectivités et les entreprises.
8 français sur 10 estiment que la problématique de l’eau est au cœur du changement climatique. Les solutions existent comme la réutilisation des eaux ou la réalimentation de nappes. Nous devons maintenant, collectivement, trouver des modèles économiques soutenables pour le monde agricole, le monde industriel et les populations.
Il faut s’inscrire sur le long terme. C’est un pacte intergénérationnel. Et Suez est là pour faire partie de cette équation et apporter son expertise et ses solutions.”
Un besoin de concertation avec les ONG
Pour Thierry Touchais, Directeur Europe du Sud de Rainforest Alliance “La nature et l’humain sont interdépendants: leur épanouissement mutuel ne peut se faire au détriment de l’un ou l’autre. Le programme de certification Rainforest Alliance instaure plusieurs critères de gestion de l’eau et une approche locale contextualisée afin de créer des zones végétalisées proches des cours d’eau pour protéger la ressource et implanter des couloirs de biodiversité. Les engagements annoncés en matière d’agriculture régénératrice devront être tenus car la protection des écosystèmes naturels et la réintroduction de l’arbre sur le territoire ont des effets positifs sur l’apport en eau et sa gestion, sur l’éco-efficacité de l’exploitation agricole et sur le revenu des agriculteurs.”
Stéphane Layani, vous êtes président de Semmaris, Marché de Rungis, vous êtes au contact direct avec les filières agricoles, quel est votre regard par rapport à la question de l’eau? “L’eau peut être conçue à la fois comme une ressource et comme un risque. Pendant longtemps on a développé des cultures qui demandaient moins d’eau mais aujourd’hui les consommateurs demandent du maraîchage qui en utilise beaucoup.
C’est pourquoi, nous souhaitons aujourd’hui avec Agoralim utiliser l’eau pour redonner de la ressource à ces terres en Ile de France et mettre en place des bassins, seule garantie pour nos agriculteurs d’utiliser cette ressource. De même, nous mettons tout en œuvre pour préserver l’eau, par exemple, nous nettoyons le Marché de Rungis avec des eaux usées.”
Le Ministre Julien Denormandie conclut “Je crois profondément dans notre capacité collective à mettre de la raison dans le débat pour avancer sur ces questions de gestion de l’eau, à la fois au niveau national mais également local. Le Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique est un cadre de travail qui permet de faire émerger des consensus et des solutions concrètes. Le Gouvernement se mobilise pleinement et va investir massivement à travers le plan France 2030 sur ce sujet.”
Valérie Hoffenberg, fondatrice du Think Tank Food&Planet, synthétise les échanges “Face à l’importance des enjeux, chacun doit prendre sa part car l’urgence climatique nécessite du courage, des actions, une vision long terme et des investissements dans l’innovation et les nouvelles technologies.” Elle a ensuite donné la parole aux deux start-ups, Biomede et Phénix, identifiées par La Foodtech partenaire du Think Tank.